12                           HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
en Occident. Nous ne rencontrons la preuve formelle de son emploi qu'au commencement du xi v° siècle; mais rien n'empêche de sup­poser qu'il a été en usage, dans notre pays et ailleurs, à une date antérieure.
Quant au métier de basse lice, sa pratique remonte, à coup sûr, à une époque plus ancienne.
Les étoffes historiées de dessins géométriques, de festons régu­liers, ou même d'animaux fantastiques symétriquement répétés , ont joui de tout temps d'une grande faveur; toutes les nations quelque peu industrieuses ont su les fabriquer. De ces procédés à l'exécu­tion de Ia tapisserie de basse lice il n'y a qu'un pas. Mais quand ce pas a-t-il été franchi? Voilà ce qu'on ignore, ce qu'on ignorera probablement toujours. L'archéologie, comme toutes les autres sciences, plus que toutes les autres sciences devrait-on peut-être dire, a ses limites qu'il serait imprudent de vouloir franchir. * Sur ces questions d'origines, deux sources d'information doivent être interrogées tour à tour : les textes écrits et les monuments figurés, c'est-à-dire les documents ou les fragments de tissus en­core existants. Nous essayerons de les employer concurremment. La certitude ne peut résulter que du parfait accord de ces deux éléments se contrôlant l'un l'autre. ' A se contenter d'un seul, on risquerait fort de s'égarer.
Lisez les Recherches de M. Francisque Michel sur les étoffes de soie au moyen âge et sur les noms qui leur étaient donnés. L'étude de ce savant traité montre suffisamment que c'est une tâche fort ingrate que de vouloir déterminer exactement le sens des termes techniques désignant les diverses espèces de tissus énumérées, soit dans les chroniques latines ou en langue vulgaire, soit dans les poèmes du moyen âge. Les écrivains du xne et du xine siècle ont à leur service un vocabulaire très riche, mais en même temps -des plus vagues. Il faut donc se défier singulièrement de l'inter­prétation „ donnée aux mots dont on ne connaît qu'un ou deux exemples.
Ainsi les passages sur lesquels on s'est fondé pour assigner une date fort reculée à la fabrication de la tapisserie dans nos pays ne résistent pas, pour la plupart, à un examen attentif.
L'abbé Lebeuf rapporte qu'un évêque d'Auxerre, mort en 840, fit exécuter pour son église un grand nombre de tapis. D'après deux savants bénédictins du siècle dernier, les religieux de l'abbaye